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AXE 3 : RITES FUNÉRAIRES, IDENTITÉS SOCIALE ET CULTURELLE


L’étude des rites funéraires est étroitement corrélée à celle de l’identité sociale et culturelle des populations inhumées. En nous inscrivant dans le cadre des recherches menées en Allemagne à la suite de ceux de J. Werner (en particulier Steuer 1982 ; Siegmund 2000 ; Bierbrauer 2004 ; Brather 2004) et relayées en France par P. Périn (1998 et 2006), nous tenterons d’aborder ces thèmes qui ont suscité ces dernières années d’importants débats méthodologiques.

L'étude croisée des modes d'inhumation, des types de dépôt et des personnes inhumées devra permettre d'identifier les diverses pratiques funéraires avant d’en rechercher les origines.

Les objets qui auront déjà fait l’objet d’une approche typo-chronologique - les armes, des colliers et les broderies de perles sur les vêtements, les textiles, les objets à fonction symbolique et les offrandes alimentaires - seront étudiés en priorité, ainsi que le dépôt d’animaux dans les tombes. Les fibules et les garnitures de ceinture, devront intervenir ultérieurement dans la réflexion.

Thème 1 L’apport du mobilier


Les perles dans les parures et sur les vêtements

Les perles ont été diversement utilisées à l’époque mérovingienne : on les trouve dans les colliers, dans les châtelaines aussi, mais également sur les vêtements en broderies ou en pendentifs où leur fonction exacte est encore mal définie. Parallèlement à l’étude typo-chronologique, une réflexion sera ainsi menée sur ces différents usages dont le choix semble être déterminé au moins en partie par l’environnement social et culturel des défuntes.


Les armes

Le statut de l’arme dans la tombe sera analysé à l’échelle régionale. On se référera en cela aux travaux de R. Christlein (1966 et 1973), de H. Steuer (1989) et de P. Périn (2006).


Les objets à caractère symbolique

Ce sujet, qui va faire l’objet d’une thèse, complète et prolonge la réflexion sur la fonction des objets, en s’intéressant plus particulièrement à ceux pourvus d’une signification symbolique. Ces pièces présentent souvent une ornementation figurative. Chez les hommes, ce sont les éléments ornées de l’armement comme les lames de scramasaxes à frises, certaines gardes ou bouterolles d’épées longues, les plaques de baudriers ou encore les ceintures ornementées ; chez les femmes, les fibules à décor zoomorphe, les bagues, les pendentifs, les plaque-boucles à décors zoomorphes et certains éléments de châtelaines comme les rouelles, les « masses d’hercule » et les boules de cristal de roche.

Le recensement de ces objets sera un préliminaire à cette étude. Celle-ci s’attachera dans un premier temps à restituer ces objets dans leur évolution chronologique pour mettre en évidence l’apparition ou la disparition de certains thèmes ou modes de représentation pour les lier ensuite au contexte social et culturel du défunt.

Les restes textiles

Les analyses récentes ont montré combien fréquents étaient les restes des tissus conservés par minéralisation sur certains objets trouvés dans les tombes. Quatre nécropoles ont déjà fait l’objet d’une étude partielle ou complète de ces tissus : Matzenheim, Roeschwoog, Erstein et Hégenheim. Trois autres ont été expertisées, révélant des restes parfois en nombre important : Vendenheim, Odratzheim et Eckwersheim.

L’étude devra donc poursuivre ce travail qui sera complété par celui sur les outils, liés aux activités textiles (peignes, fusaïoles, poids de tisserand, broches, …). Trois thèmes seront plus particulièrement développés :

  • la production textile : son outillage, ses matériaux, ses techniques ;
  • la restitution des costumes ;
  • les rituels d’emballage des objets dans la tombe.

Ce travail s’inscrira dans le cadre des recherches sur les textiles mérovingiens entamées en Suisse et en Allemagne depuis de longues années (J. Banck-Burgess, Ch. Peek, A. Rast-Eicher). Il s’appuiera également sur les études, restées malheureusement ponctuelles, dans les autres régions en France, notamment en Lorraine, en Franche-Comté, dans le Nord-Pas-de-Calais et en Île-de-France (Médard, Moulhérat 2008).

Thème 2 Les dépôts alimentaires et les inhumations de chevaux


Les fouilles des dix dernières années ont révélé la richesse et la diversité des dépôts alimentaires et des dépôts d’animaux dans les tombes mérovingiennes alsaciennes. Une thèse sur l’est de la France et la Suisse jurassique a permis d’engager une réflexion sur ces usages dans un cadre cependant plus vaste, touchant à l’exploitation animale de la fin de l’Antiquité à la fin du haut Moyen Âge (Putelat 2015).

Quatre points en relation avec les autres thèmes retenus pour le projet devront compléter le travail universitaire :

  • définir une terminologie commune sur les diverses pratiques funéraires liées à l’animal
  • préciser la chronologie de ces pratiques par une reprise des datations des tombes concernées
  • établir les liens entre ces différents rituels et le statut ou l’origine du défunt
  • préciser les données et resserrer les datations de quelques dépôts insuffisamment documentés (Erstein, Réguisheim entre autres)

L'inhumation des chevaux dans les nécropoles fera l'objet d'un travail à part. Six sites alsaciens ont livré des équidés, dont deux étaient décapités. En inscrivant notre recherche dans une aire géographique plus large, nous tenterons d'identifier les éventuelles influences extérieures qui ont conduit à ces pratiques (notamment les têtes coupées ou la position « en grenouille », dont l'influence pourrait être orientale).